Pérégrination jusqu’à Nankin et retour à Nanchang (1595-1598)


C'est à Shaozhou qu'un de ses amis influents, membre du Conseil de guerre de l'Empereur, lui fit une proposition : convoqué à Pékin en raison de l'invasion de la Corée, tributaire de la Chine, par le Japon, il l'invita à se joindre à lui, au moins pour une partie du voyage.


C'était l'occasion que Ricci attendait : pénétrer enfin au cœur de la Chine. Se souvenant des instructions de Valignano qui avait tiré de son expérience au Japon que «pour convertir le Japon, il fallait d’abord convertir la Chine et, pour convertir la Chine, il fallait commencer par les couches sociales les plus élevées», Ricci saisit au printemps 1595 l’occasion de voyager jusqu’à Nankin et Pékin.


Ricci entra dans la province du Jiangxi par la passe de Meiling (梅岭|梅嶺), continua par bateau sur la rivière Gan (赣), passa par Nanchang (南昌), puis traversa le lac Boyang (鄱阳|鄱陽) et le fleuve Yangzi (扬子江) et arriva à Nankin (南京) fin mai.


Bien qu’il eût des recommandations auprès de plusieurs magistrats de Nankin, la situation de guerre qui jetait une suspicion d’espionnage sur tous les étrangers, fit qu’il ne put obtenir la permission de rester ; il dut partir après quelques semaines et retourna à Nanchang, préfecture de la province du Jiangxi. Grâce aux bons services d’un ami, Ricci fut reçu par le gouverneur de la province, Lu Wangai 陆万垓|陸萬垓, et obtint sur le champ un permis de résidence.


Deux princes impériaux habitaient Nanchang : le prince Jian’an 建安王et le prince Le’an 乐安王|樂安王. C’est probablement à la demande du premier que Ricci composa son premier livre en chinois, le traité De l’amitié (jiaoyoulun 交友论)


C’est aussi à cette époque que Ricci stupéfia tellement magistrats et lettrés par sa prodigieuse mémoire qu’ils lui demandèrent de leur enseigner sa méthode. Il traduisit alors en chinois un petit livre qu’il avait écrit quand il étudiait à Rome : Mnémotechnique d’Occident (xiguo jifa 西国记法|西國記法).


En 1596, Ricci ré-écrit le catéchisme de Michele Ruggieri et lui donne le titre de Vraie Idée de Dieu (Tianzhu shiyi天主实义|天主實義), en y introduisant de nouveaux termes pour traduire les mots de la religion chrétienne.