François Xavier ne parvient pas à entrer en Chine


La Chine des Ming était un pays fermé qui se défendait notamment contre les pirates asiatiques, mais aussi contre les marchands portugais. Les étrangers ne pouvaient entrer et s’établir en Chine qu’avec une autorisation qui en principe devait être accordée par l’Empereur.


Le fait que la mort ou une sombre geôle attendait tout étranger essayant de pénétrer en Chine, n’était pas chose à retenir Xavier. Il avait un plan : demander au Vice-roi portugais des Indes de nommer un de ses concitoyens ambassadeur auprès de l’empereur de Chine et lui, Xavier, accompagnerait celui-ci comme représentant du Pape. C’est ainsi qu’il espérait pouvoir se présenter devant l’autorité suprême. Il apporterait des présents à l’empereur, le suppliant de changer les lois contre l’admission des étrangers, de libérer les Portugais qui étaient en prison à Canton et de lui accorder ainsi qu’à ses compagnons la permission de prêcher l’Evangile.


Le Vice-roi trouva le plan à son goût, car il avait déjà fait l’expérience des succès de Xavier contre d’autres obstacles apparemment insurmontables. Il nomma ambassadeur l’ami de Xavier, Diego Pereira. Mais, un fils indigne du grand Vasco de Gama gâcha tout. C’était Alvaro de Ataide, capitaine-général à Malacca où le bateau devait faire escale : il refusa de laisser partir le navire si Diego Pereira restait ambassadeur. Il voulait le titre pour lui-même, car il voyait là tout le profit qu’il pourrait en retirer. Incapable de le faire changer d’avis, Xavier décida d’agir tout seul.


Puisqu’il ne pouvait partir avec une délégation officielle, il ne lui restait qu’un seul moyen d’entrer en Chine : avec la complicité d’un contrebandier chinois. Des commerçants portugais y avaient quelques fois réussi – et ceux qui avaient échoué pourrissaient dans les prisons de Canton. Il s’arrangea donc avec un contrebandier, qui devait le prendre à l’île de Shangchuan (Sancian dans une transcription portugaise).


Avant son départ, Xavier envoya un mot d’adieu à Diego Pereira qui lui avait donné de l’argent pour payer le contrebandier, disant qu’il espérait que Pereira viendrait lui rendre visite, soit dans les prisons de Canton, soit au palais de Pékin où l’on disait résider l’empereur de Chine. Xavier débarqua à Shangchuan en août 1552, avec un fidèle Chinois qui acceptait d’aller avec lui comme interprète. Le contrebandier chinois, qui avait bel et bien reçu son dû n’arriva pas et Xavier mourut sur cette île déserte le 3 décembre 1552.