«Histoire de l'expédition chrétienne
au royaume de la Chine»


Cet ouvrage fut essentiellement écrit par Ricci en italien à Pékin entre 1608 et 1610 à la demande de ses supérieurs.


Comme son titre l’indique, il devait être le compte rendu authentique de la fondation des missions jésuites en Chine. C'est pourquoi l'intrigue du récit tourne autour des cinq « résidences » jésuites de Zhaoqing, Shaozhou, Nanchang, Nankin et Pekin.


L'oeuvre se compose de cinq livres. Le premier présente la Chine d’une manière générale. Le second évoque les années passées à Zhaoqing (1583-1589), mais aussi les prédecesseurs, Xavier et Valignano, les diverses tentatives d’évangélisation jusqu’à Ruggieri ; ce dernier en est le principal protagoniste, tandis que, dans les quatre autres, Ricci tient cette place. Le troisième livre est consacré aux années passées à Shaozhou (1589-1595) et Nanchang (1595-1598) ; le quatrième, celles passées à Nankin (1597-1600) et à Pékin (1601-1610). Le cinquième livre décrit les activités missionnaires dans les autres villes entre 1603 et 1611, ainsi que la mort de Ricci.



L’œuvre de Ricci, écrite en italien, aurait en effet été traduite en latin et complétée de sept chapitres répartis dans les deux derniers livres par Nicolas Trigault sur le bateau qui le ramenait en Europe en 1613-1614. Cependant les conditions de navigation de l'époque conduisent à refuser cette légende et invitent à penser que la traduction et les ajouts ont été réalisés avant l'embarquement de N.Trigault et probablement à Pékin de concert avec le P.N.Longobardo.

L'ouvrage fut publié à Vienne en 1615 sous le titre

De Christiana expeditione apus Sinas ab Societate Iesu suscepta, ex P. Matthaei Ricci commentariis Libri V, auctore P. Nicolao Trigautio, Belga.



Le manuscrit même de Ricci fut redécouvert dans les Archives Romaines de la Compagnie de Jésus et publié par le P.Tacchi Venturi en 1911. La comparaison des deux versions a permis à divers spécialistes d’étudier la fidélité de la traduction de Trigault.

Sans doute, Trigault, qui allait en Europe pour résoudre diverses questions liturgiques ou administratives, demander de nouveaux envois de religieux et s’assurer d’appuis financiers, avait tendance à infléchir le texte pour embellir l’action des religieux et leurs succès. Mais, l’œuvre de Ricci était écrite pour des Occidentaux, à une époque où les choix qu'il avait faits depuis le début étaient discutés non seulement à Macao, mais aussi au sein de la mission de Chine et il est clair que sa tendance a été d'en souligner les réussites.


Cette édition latine de Trigault fut rééditée plusieurs fois et fut traduite en plusieurs langues.


Ce livre, qui donnait pour la première fois aux lecteurs occidentaux une masse d’informations sur la Chine, eut beaucoup de succès et fut réédité et traduit à de nombreuses reprises. Il en a été dit que cette œuvre « a sans doute eu plus d’effet sur les phases de la vie littéraire et scientifique, philosophique et religieuse de l’Europe que toute œuvre du XVIIe siècle. Il a fait connaître Confucius à l’Europe. » (P.Gallagher)


Aujourd’hui, il garde une grande valeur historique pour l’étude des débuts de la mission jésuite en Chine, mais sans doute encore plus comme témoignage de première main sur la fin de la dynastie des Ming et reste une source historique importante sur son économie, ses institutions, ses pratiques, …



Traductions (sur la base de la version de Trigault)


Matthieu RICCI, s. j. et Nicolas TRIGAULT, s. j. Histoire de l'expédition chrétienne au royaume de la Chine, 1582-1610. Introduction par Joseph SHIH, s. j., établissement du texte et annotations par Georges BESSIÈRE, tables et index par Joseph DEHERGNE, s. j. Paris, Desclée de Brouwer, Bellarmin, 1978.


Louis J. Gallagher, S.J. le traduisit en anglais : China in the 16th Century: The Journals of Matthew Ricci, 1583-1610 (New York, 1953).



Le manuscrit même de Ricci fut découvert dans les Archives Romaines de la Compagnie de Jésus (ARSI) et publié par Tacchi Venturi dans son premier volume des

Opere Storiche del P. Matteo Ricci, S.J. , 2 volumes, Macerata, 1911, 1913, édité par le P. Pietro Tacchi Venturi ,S.J.. Le titre général du premier volume est I commentarii della Cina dell’autgrafo inedito, et le sous-titre est Dell’Entrata della Compania di Giesu e Christianita nella Cina

.

Ces deux volumes contiennent le « Journal » de Ricci et presque toute sa correspondance avec ses supérieurs et ses amis.


Le même ouvrage fut par la suite édité par Pasquale M. D’Elia, S.J., sous son titre original: Storia dell’introduzione del christianesimo in Cina scritta da Matteo Ricci S.J. , et constitue les trois premiers volumes des Fonti Ricciane. Documenti originali concernenti Matteo Ricci e la storia delle prime relazioni tra Europa e Cina (1579-1615) .


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