Nouveaux territoires et nouvelles cultures


Au cours du XVe siècle, Portugais et Espagnols se lancèrent dans des explorations des nouveaux territoires qu’ils découvrent progressivement. C’est tout d’abord le littoral de l’Afrique sub-saharienne, l’Amérique (1492) en cherchant une voie maritime vers les Indes, puis les Indes (1498). Ces voyages visaient à l’évangélisation des populations et aussi au commerce des denrées, avant que ne commence l’établissement de comptoirs puis la colonisation dans les territoires (réputés n’appartenir à personne) les plus proches.


Les papes contribuaient financièrement à ces voyages et veillaient aussi à ce que les deux nations ibériques ne se lancent pas dans une concurrence nuisible dans la découverte de ces nouveaux marchés et travaillèrent à tracer des frontières entre leurs sphères d’influence.


Par le traité de Tordesillas (1494), Portugais et Espagnols obtinrent le monopole commercial pour les territoires qui leur revenaient, aux premiers ceux qui étaient à l’est d’un méridien passant dans l’océan atlantique, aux seconds ceux qui étaient à l’ouest et s’engagèrent aussi à y propager le christianisme. Les premiers héritèrent de l’Afrique et de l’Asie, les seconds de l’Amérique. Les autres puissances maritimes (France, Angleterre, Pays-Bas) n’avaient aucun droit sur ces territoires et furent réduites à la piraterie et à la contrebande jusqu’à ce que, protestantisme aidant, l’autorité pontificale qui fondait cette partition du monde ne soit battue en brèche.


Les Portugais continuèrent sur leur lancée vers l’Orient. Dès 1513, Jorge Alvarez (explorateur portuguais, mort en 1521) avait atteint la Chine où se rendit une mission commerciale en 1514. En 1517, Simâo Perez de Andrade (explorateur, marchand et diplomate portuguais, mort en 1523) remonta la Rivière des Perles jusqu’à Canton. Tomé Pirez (1465-1540), le premier ambassadeur du Portugal, atteint Pékin en 1520. En 1542, Antonio da Mota avec deux compagnons, pris dans une tempête, furent les premiers à atteindre le Japon.


Alors que Portugais et Espagnols découvraient ce Nouveau monde avec ses étranges cultures, ils en conclurent que ces dernières étaient l’œuvre du diable. Cette conviction donna aux Européens le sentiment de leur destinée : ils croyaient en leur propre supériorité comme «race choisie, sacerdoce royal, nation sainte, peuple mis à part» : d’où une détermination à conquérir et à faire du prosélytisme qui était inconnue de l’Europe médiévale. Au fur et à mesure qu’ils mesuraient l’étendue de ce Nouveau monde, il leur devint de plus en plus clair que les cultures, coutumes, langues et institutions indigènes devaient être détruites. Dans les territoires sous contrôle portugais, les convertis non seulement recevaient un prénom chrétien, mais ils étaient aussi poussés à prendre des noms portugais, à s’habiller à l’européenne et à observer les coutumes d’Europe. Les Espagnols faisaient de même sur leurs territoires.


Les missionnaires qui quittèrent l’Europe pour convertir le Nouveau monde essayèrent aussi de l’occidentaliser. Toute adaptation aux usages locaux de la culture européenne, sans parler de la doctrine chrétienne, était considérée comme allant contre la volonté de Dieu. L’esprit et l’exemple de Paul de Tarse accommodant le christianisme, à l’origine une petite secte juive, à la culture gréco-latine étaient simplement oubliés. Le principal objectif de la fondation de l’ordre jésuite en 1534 par Ignace de Loyola (1491-1556), était de travailler à la Contre-réforme et à la conversion des peuples du Nouveau monde ; inspirés par son esprit, les jésuites prirent saint Paul pour modèle et essayèrent de suivre sa méthode d’accommodement culturel. Ce fut en fait jusqu’à nos jours la seule tentative de ce genre.


Les premiers missionnaires en Extrême-Orient furent les franciscains et les dominicains (encore appelés ordres Mendiants) qui reprirent le flambeau laissé par leurs prédécesseurs du XIIIe siècle. Puis, l’arrivée des jésuites en 1542 marqua la fin de la première phase dans l’histoire des missions portugaises et le début d’importants changements dans les missions, et notamment en Extrême-Orient.