Quatre principes



Il serait erroné de s’imaginer que Ricci avait une méthode d’évangélisation qu’il s’est efforcé d’appliquer au cours de la petite trentaine d’années qu’il a passées en Chine. Pour le spécialiste qu’est le père Joseph Shih, Matteo Ricci « ne s’était formé aucune opinion précise sur le problème de l’évangélisation de la Chine ; ses jugements sur les moyens et les méthodes à adopter pour convertir les Chinois varièrent au cours des années qu’il passa à la tâche. »


Par contre, il s'inscrivait dans une approche de la mission que ses prédécesseurs en Extrême-Orient avait développée et que l'on pourrait qualifier de refus de l'européanisation. Convertir au christianisme pour les François Xavier, Valignano et Ricci, ne consistait pas à les européaniser, à leur enseigner le latin et les lettres occidentales, mais à apprendre leurs langues, découvrir leurs cultures, s'en imprégner pour s'efforcer d'exprimer dans leurs mots et leurs perspectives la "Bonne Nouvelle" du christianisme.


Plus précisément, il a mis en pratique quatre principes qui avaient été définis par François Xavier et qu’Alessandro Valignano avait transformés en instructions:

- l’adaptation culturelle (apprendre les langues, adopter les mœurs locales

- l’évangélisation par le haut ;

- la satisfaction du goût des populations pour les questions cosmologiques, les curiosités, etc.

- un comportement d’une éthique irréprochable.



1. L'adaptation


L’adaptation culturelle (ou si l’on préfère l’accommodement culturel) consiste à entrer personnellement dans la société et la culture du lieu. Matteo Ricci est entré matériellement et spirituellement dans le monde chinois, ce monde étant un lieu et une culture. A sa mort, un de ses amis les plus influents adressa un mémoire à l'Empereur lui demandant une sépulture spéciale pour «l'Occidental qui est devenu Chinois».


La première inscription dans une société, c'est d'avoir un nom.

Le nom chinois de Ricci est formé selon le schéma le plus fréquent en Chine : un nom formé d'un seul caractère, qui est celui du père, suivi de deux autres caractères, qui sont donnés par les parents. [Traditionnellement, il y a donc un nom patronymique et un 'post-nom' donné].


De « Ricci » a été gardée la première syllabe « ri » entendu comme « li » et transcrit par un caractère se lisant « li ». Curieusement, le caractère retenu n'est pas un nom de famille (il n'y a que quatre cent noms de famille en chinois, la quasi-totalité n'ayant qu'une seule syllabe).


« Matteo » a été déformé en « ma dou » (le son transcrit par « d » en chinois n'est pas voisé et est proche de notre « t »).



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