« De l’Amitié »

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Moi. Li Matou, je suis venu de l'Extrême-Occident en Chine. [en 1582] par bateau, avec un profond respect, pour les magnifiques vertus du Fils du Ciel des Ming et pour les instructions laissées par les anciens empereurs de l'antiquité.

Depuis que j'ai choisi en consultant Dieu, mon domicile au sud des montagnes, les astres et les neiges avaient souvent changé [il y a plusieurs années de cela]. Au printemps de cette année je suis arrivé à Jinlin [Nankin] après avoir franchi les montagnes et les fleuves. J'ai admiré la lumière de la Nation supérieure [la Chine] avec une satisfaction secrète en pensant que je n'avais pas mal profité de ce voyage, La dernière semaine de mon long périple, j'ai ramené ma barque à Yuechang et je l'ai amarrée au Nanpu.

Promenant les regards sur les montagnes occidentales, j'en contemplais à loisir la merveille et la beauté et je soupçonnais qu'ici se retirent les parfaits. J'y restais longuement, en me promenant çà et là, sans pouvoir m'arracher à son charme. Enfin, je débarquai et entrai dans une maison.

Plus tard, j'allai rendre visite au roi (duc) de Jian’an. Il ne me dédaigna pas et me permit de le saluer les mains jointes. Il me fit asseoir à la place de l'hôte et me fit servir du vin sucré. Plein d'entrain, il s'écarte un peu de la table et me dit en me serrant la main : « Toutes les fois que des honnêtes gens de (grande) vertu daignent passer en mon pays, je ne manque pas de les inviter, de lier amitié avec eux et de leur marquer mon respect. Les pays occidentaux sont des pays de dao et de i [très civilisés]. Je voudrais bien entendre parler de l'amitié telle qu'elle s'y pratique ». M'étant retiré, je m'occupai à recueillir en un volume les sentences de l'Amitié dont j'avais entendu parler quand j'étais jeune encore.